Un rêve à abandonner
Je crois qu'Hachem ne nous guérit qu'un jour à la fois. Non pas pour une semaine, un mois, une année, et certainement pas, non plus, pour la vie. Je crois que pour un addict, la fantaisie de la « Techouva gemoura » (le repentir total, dont 'Hazal disent pour les gens normaux : « il surmonte une grande épreuve de façon à ce qu'Hachem témoigne qu'il ne succombera plus jamais ») n'a tout simplement aucun sens ; le Tikoun (la réparation) suprême n'existe pas, ici. En fait, ces deux concepts ne font qu'animer notre Gaava (orgueil) et nous font oublier qui nous sommes. Voilà pourquoi, même à Roch HaChana _ ou le soir du Séder _, je ne capitule pas devant mon Yétser HaRa en m'attendant à ce qu'Hachem m'« aide à rester sobre cette année » (ou même en le Lui demandant). Je ne le Lui demande que pour aujourd'hui, que ce soit un jour ordinaire ou un jour épique, comme Roch HaChana ou le saint soir du Séder de Pessa'h. Le jour d'après le Séder est le seul jour qui doive me préoccuper, au lendemain du Séder. J'aime ce mode de vie simple et honnête, et ça marche. L'ancienne méthode ne fonctionnait pas, donc je refuse de l'adopter à nouveau. A quoi bon réessayer ?
Ce que je veux dire, c'est que soit Il nous guérit maintenant, soit Il ne nous guérit pas du tout. Peut-être qu'on ne le sent pas, mais c'est toujours ce qui se passe, tant qu'on travaille sur une sorte de programme (toujours très imparfait), et qu'on est sobre « aujourd'hui ». (Au fait, c'est exactement l'interprétation de rav Israël Salanter, sur l'histoire de rabbi Akiva sur la plage).
Par ailleurs, peut-être que la dose de progrès qu'on doit faire en tout et pour tout équivaut exactement à celle qu'on doit accomplir juste maintenant. « Un Juif est toujours sur la voie ; il ne peut atteindre aucun but » (rabbi Na'hman). Qui sait ?
L'idée de n'être « jamais sauvé » est-elle décourageante ?
Elle le sera, si vous êtes de ceux qui attendent la guérison divine magique, après laquelle vous n'aurez plus besoin de vous inquiéter de quoi que ce soit. Le seul moment où cela arrive, c'est quand on meurt... Peut-être. Et cela ne m'intéresse pas spécialement, là, à l'instant, beezrath Hachem _ même si ça a pu m'arriver, il y a des années...
Si seulement vous pouviez abandonner cet espoir d'une « prompte guérison »... Vous êtes sobre aujourd'hui, vous allez dans la bonne direction. C'est magnifique, magnifique, magnifique _ et, pour moi, cela doit suffire. Tout le reste n'est que de la déco.
La transformation extraordinaire vient toujours, tant que nous faisons ce que nous avons à faire aujourd'hui aujourd'hui, et ce que nous avons à faire demain demain. C'est vraiment simple. Et c'est l'une des raisons pour lesquelles il est si bon d'être en vie !
Commentaires (0)